- BALTHUS
- BALTHUSBALTHUS BALTHAZAR KLOSSOWSKI dit de ROLA (1908- )Issu d’un milieu d’intellectuels, ayant reçu dans sa jeunesse les encouragements de Rainer Maria Rilke, c’est pourtant de manière volontairement secrète que Balthus a développé son œuvre pendant de longues années. En 1934, son tableau La Rue attira sur lui l’attention de quelques critiques et collectionneurs, mais la célébrité ne lui est venue que tardivement, et encore en a-t-il lui-même limité les effets; la première exposition importante de ses œuvres n’eut lieu qu’en 1980 dans le cadre de la Biennale de Venise. À l’exception de quelques portraits et d’un très petit nombre de paysages presque toujours urbains, où il s’efforce de capter le mystère fugitif des passants (Le Passage du commerce Saint-André , 1954), il s’est consacré presque exclusivement à des scènes d’intérieur: des adolescentes rêveuses y sont figées dans des poses à la limite du scabreux. Le malaise que l’on éprouve devant ces œuvres est accentué par les teintes assourdies, souvent même crépusculaires, utilisées dans le traitement d’un décor «réaliste» réduit à quelques éléments de mobilier. Ainsi Balthus peut-il, par une ruse supplémentaire, se réclamer de Courbet, bien que son style n’offre aucune parenté avec celui du peintre d’Ornans et que sa projection tranquille d’une fantasmagorie intérieure ait éveillé l’intérêt des surréalistes. L’érotisme confidentiel de Balthus est difficilement séparable de l’œuvre singulière de son frère, l’écrivain Pierre Klossowski. Parmi les toiles les plus caractéristiques de sa manière froide, faussement anecdotique et dont la suggestion repose en réalité sur une sorte d’ascétisme, on peut citer: Les Beaux Jours (1944-1946), La Chambre (1952-1954), Le Phalène (1959), Les Trois Sœurs (1965), Nu assoupi (1980). En 1961, alors qu’André Malraux était ministre des Affaires culturelles, Balthus a été nommé directeur de l’Académie de France à Rome, poste qu’il occupe jusqu’en 1976, menant à bien, en particulier, la restauration de la Villa Médicis. En 1983-1984, le Musée national d’art moderne de Paris puis le Metropolitan Museum of Art de New York ont présenté un rassemblement de grande ampleur qui a permis à un large public de découvrir une œuvre qui restait jusqu’alors destinée au petit nombre.
Encyclopédie Universelle. 2012.